Les collections

En 1789, les bibliothèques des églises et des monastères furent déclarées propriétés nationales et versées dans les « dépôts littéraires » pour approvisionner les bibliothèques accessibles au public. Ainsi fut des manuscrits et imprimés du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Seuls deux ouvrages, un antiphonaire du XVIe siècle et un exemplaire de l’édition illustrée du Sacre de Louis XV relié aux armes du roi, ont pu échapper à ces confiscations.

Quelques années plus tard, c’est au tour de l’Abbé Grégoire et du premier bibliothécaire de l’institution, Gruvel, de puiser dans les saisies révolutionnaires pour constituer le cœur des collections de cette nouvelle bibliothèque. Ce fonds ancien, bien que de dimension modeste (quelque 8 000 volumes), présente de réelles richesses. Constitué de 6 incunables, 600 ouvrages du XVIe siècle, près de 2 000 du XVIIe et plus de 4 000 du XVIIIe, il témoigne des préoccupations scientifiques de l'époque, empreintes de l’esprit des Lumières : de lourds traités d’arithmétique et de physique voisinent avec de plaisantes relations de voyage, des sommes alchimiques et des ouvrages d’astronomie côtoient des livres de sciences naturelles, d’architecture et de perspective. Citons par exemple la Cosmographia de Ptolémée dans une édition incunable de Jean Reger de 1486, les Diverse et artificiose machine d’Agostino Ramelli (Paris, 1588), Les raisons des forces mouvantes de Salomon de Caus (Francfort, 1615), la Manière de bastir pour touttes sortes de personnes de Pierre Le Muet (Paris, 1623) ou bien encore les Descriptions des arts et métiers (Neuchâtel, 1776) publiées sous la direction de Duhamel Du Monceau.

Tout au long du XIXe siècle, la bibliothèque s'est considérablement enrichie de la production éditoriale scientifique et technique du temps, en relation avec la création des chaires d'enseignement du Conservatoire. Les collections de mathématiques, de physique, de chimie, de mécanique ou de constructions civiles annoncent les ouvrages sur les chemins de fer, l'électricité, la photographie ou l'automobile. De même, les Manuels-Roret (quelque 450 volumes) servirent la diffusion des arts, techniques et métiers, des années 1830 au début du XXe siècle. À l'instar des enseignants du Conservatoire, de nombreuses institutions offrirent alors régulièrement leurs publications à la bibliothèque. À cet ensemble de quelque 20 000 ouvrages s'ajoute une collection de périodiques tout aussi variés de près d'un millier de titres ; on peut ainsi consulter les très sérieux Mémoires de la Société des ingénieurs civils depuis 1868 comme le plus grand titre de vulgarisation scientifique La Nature, fondé en 1873.

Fruits de dons, plusieurs fonds spéciaux sont également conservés par la bibliothèque, dans des domaines aussi variés que celui des Expositions universelles, dont l'abondante littérature officielle alimenta tout au long du XIXe siècle les collections ; l'électricité (fonds Sartiaux) ; les catalogues de grands magasins (fonds Fourastié) ; l'histoire de l'orgue (fonds Dufourcq) ; le Familistère de Guise (fonds Godin) ; la construction et l'architecture moderne (fonds Poupée) ; la statue de la Liberté (fonds Bartholdi) ; la métrologie ; les archives d'un atelier de céramistes émailleurs sur lave créateurs de tables d'orientation (fonds Orlat).

Depuis 2000, toutes ces collections sont progressivement valorisées dans la bibliothèque numérique du Conservatoire, le Cnum, consacré à l'histoire des sciences et techniques du XVIe au XXe siècle.

Aujourd'hui, la bibliothèque du Conservatoire national des Arts et Métiers est riche de 190 000 titres dans les domaines d'enseignement et de recherche du Conservatoire, 23 500 mémoires d'ingénieurs et thèses, 4 000 périodiques, 27 000 revues électroniques, 25 bases de données, encyclopédies et e-books en ligne ; des fonds de manuscrits et d’archives sont également signalés dans le catalogue Calames.